sciences et techniques au moyen-âge

Publié le par marie m

Sciences et techniques au Moyen-Âge

 

Contrairement aux idées reçues, le Moyen-Âge est marqué par une hausse constante de la population, l’extraordinaire dynamisme des campagnes, l’essor des villes et l’accroissement des échanges. On assiste à un formidable développement économique et démographique qui va jeter les bases d’un renouveau culturel. La diffusion des savoirs se fera à travers la création d’une institution qui se répandra dans toute l’Europe : l’Université.

A partir du 12 e siècle, l’Europe connaît un renouveau intellectuel qui va s’abreuver à un legs immense concocté quelques siècles plus tôt sur les rives du Tigre et de l’Euphrate. Les Européens redécouvrent alors l’essentiel de l’héritage hellénistique, enrichi d’un vaste apport arabe. Dans toutes les disciplines, philosophie, mathématiques, astronomie, optique, géographie, les universités nouvellement créées exploiteront les textes venus du monde arabo-musulman.

Repères : - Haut Moyen-Âge, 5e-10e siècle

                  800 : Charlemagne empereur d’Occident

                  -Moyen Âge classique, 11e-13e siècle

                  1099-1100 : première croisade

                   -Bas Moyen-Âge, 14 e-15e siècle

                  1337 : début de la guerre de Cent ans

                  1348 : peste noire

                  1492 : Christophe Colomb découvre l’Amérique

1-Des savoirs contrôlés par l’Université

L’université, laboratoire de la pensée médiévale : A l’aube du 13e siècle, l’Université voit le jour et s’affirme. Trois grands centres (Paris, Bologne, Oxford) émergent et ne tardent pas à essaimer à travers l’Europe. Partout, on offre le même programme que viendront couronner des études de droit, médecine, théologie. Les nouvelles institutions marquent une rupture dans l’histoire de l’enseignement. Leur nouveauté réside dans leur autonomie. Elles se dotent de règles propres, qui les rendent indépendantes des autorités civiles ou religieuses, une rupture indissociable de l’essor urbain qui marque les 12e et 13 e siècles, une forme nouvelle d’organisation sociale se développe alors : la corporation.

Qu’y enseigne-t-on ? La faculté des arts : le « trivium des arts de la parole »( grammaire, rhétorique, et logique ou dialectique) et le « quadrivium des arts des nombres et des choses »( arithmétique, musique, géométrie, astronomie). La pédagogie repose sur l’étude d’un certain nombre de livres : la lectio. Le deuxième pilier est la questio. Les étudiants y développant des arguments pour et contre. Puis le maître se charge de la determinatio : la thèse juste devant être reconnue. Cette pédagogie fondée sur la discussion des textes est un facteur de dynamisme intellectuel. La pensée médiévale s’affranchit peu à peu de la seule autorité des Anciens.

 A la fin du Moyen-Âge, l’Europe est couverte d’universités mais leur autonomie n’est plus qu’un souvenir. Le renouveau intellectuel de la Renaissance se fait hors d’elles.

La théologie reste au sommet des sciences. Une des grandes questions débattues tout au long du 13 e siècle est l’articulation entre raison et foi, avec la nécessité de concilier l’idéal rationnel de la philosophie grecque à la Révélation chrétienne.

Logique : à la recherche du penser vrai : L’Europe médiévale a fait grand cas de la logique, la science du parler et du penser correctement fondée par Aristote. Théologie et analyse du langage étaient intimement liées car il fallait réussir à interpréter une multitude de textes saints.

Physique du mouvement : parmi les questions qui préoccupent les philosophes médiévaux, celle de la nature du mouvement occupe une place centrale : étudiée pour elle-même, mais aussi en tant qu’outil d’analyse de diverses questions d’intérêt théologique. Entre le 12e siècle et le 13e siècle, les écrits d’Aristote sont traduits en latin. C’est dans le cadre sa Physique que la question du mouvement  est débattue. Mais les concepts du savant sont commentés, critiqués, voire remis en cause. Ainsi, avant la « révolution scientifique » de Galilée et Newton, au 17e siècle, les physiciens médiévaux ont produit une œuvre originale et novatrice. Si les physiciens du Moyen-Âge discutent de la nature du mouvement, ils développent aussi l’usage des mathématiques pour en donner une description quantitative.

Astronomie : le monde des astronomes du Moyen-Âge, hérité des Grecs, est parfait et éternel. Autour de la Terre, immobile au centre de l’Univers, tournent le Soleil et les planètes dans un mouvement circulaire et uniforme. Cependant, à la fin du Moyen-Âge, l’édifice géocentrique commence à se fissurer : on postule que l’attribut de Dieu est l’infini et le monde sans limites. Et si l’Univers est illimité, pourquoi la Terre serait-elle en son centre ? Corollaire : si la Terre n’est pas au centre de l’Univers, pourquoi ne pas accepter le principe d’une multitude de mondes ?

Géométrie : de la mesure de la terre au raisonnement abstrait : rudimentaire jusqu’au 12e siècle, la géométrie connaît un renouveau à la faveur des savoirs grecs transmis et améliorés par les Arabes. Les savants latins se les approprient et mettent les outils mathématiques au service de la physique. L’approche de ces nouvelles connaissances n’est pas la même selon que l’on se place en Italie ou à l’université de Paris. Les savants italiens se préoccupent surtout de problèmes pratiques issus de l’arpentage. De plus, on utilise l’algèbre des Arabes pour résoudre les problèmes géométriques hérités des Grecs. Les savants allemands accordent eux aussi beaucoup d’importance à la mathématique calculante. Ils se préoccupent de problèmes pratiques issus de l’arpentage, ou, pour la trigonométrie, de l’astronomie. A l’inverse des Italiens, les géomètres des universités sous influence parisienne se sont, eux, tournés vers les méthodes de raisonnement déductives. Les mathématiques qui s’appuient principalement sur Euclide sont étudiées dans le cadre de la philosophie d’Aristote.

Médecine : le Moyen-Âge voit l’avènement d’une médecine raisonnée fondée sur les traités grecs et arabes. Entre art et science, théorie et pratique, elle s’enseigne à l’Université et s’exerce dans les villes ou à l’hôpital, dans le respect de nouvelles règles professionnelles. Son assise philosophique est le système aristotélitien des quatre éléments (eau, air, feu, terre) soumis au jeu des qualités primaires (froid, chaud, sec, humide). Par analogie, la physiologie est commandée par quatre humeurs (bile jaune, bile noire ou mélancolie, sang et flegme). Analogique plus que logique, cette pensée lie l’organisation du corps au système d’organisation du monde, l’homme « microcosme » au macrocosme et aux astres. Une psychologie embryonnaire naît aussi à cette époque. Grâce aux multiples échanges entre orient et Occident, les traités grecs sont traduits en latin. L’intérêt est à chercher dans l’effort pour penser la médecine comme science rationnelle. Les médecins cherchent à asseoir leur légitimité sociale et savante. A partir du 14e siècle, des statuts règlent les données de l’apprentissage et de l’exercice de la profession.

2-Des savoirs en marge de l’université

Pour un intellectuel du Moyen-Âge, tout problème ne s’envisage qu’à travers la référence aux grandes autorités de l’Antiquité. Les textes sont ainsi ponctués de citations empruntées aux œuvres d’Aristote, de Platon, mais aussi de certains philosophes et médecins du monde arabo-musulman. L’expérience est désormais invoquée par certains savants. C’est un pas important vers l’élaboration d’un protocole scientifique rigoureux.

Alchimie : les premiers alchimistes cherchent à percer les secrets de la matière. Leurs expériences reposent sur des présupposés fragiles. Très vite, cette discipline va passionner les plus grands esprits du temps : Roger Bacon, Thomas d’Aquin. Ils veulent résoudre un problème théorique : l’art peut-il imiter la nature ? A cette question, tous les grands savants de l’Antiquité ont répondu par la négative. Etablir le contraire serait donc une véritable révolution intellectuelle. A la Renaissance, l’alchimie va être fortement marquée par la redécouverte de textes hermétiques. A ce moment-là, elle prend un autre visage : elle s’entoure d’un langage symbolique, d’une initiation. Puis elle se change en discipline de plus en plus mystique et devient une science occulte.

Algèbre : discipline développée par les mathématiciens arabes dès le 9e siècle, elle est introduite en Europe au début du 13 e siècle. Elle est très vite adoptée par les marchands : au 13e siècle, l’Occident est en plein essor démographique et économique. Les centres urbains s’épanouissent tandis que de nouvelles routes commerciales s’ouvrent, notamment vers l’Orient musulman, favorisant les échanges marchands, mais aussi culturels et scientifiques. C’est ainsi que les savants occidentaux redécouvrent les anciens traités mathématiques grecs traduits par les savants arabes et qu’ils accèdent à l’algèbre. Les mathématiques ne sont pas absentes d’Occident, mais elles sont liées à l’astronomie. L’algèbre arabe offre de nouveaux outils mieux adaptés aux besoins des marchands. Lesquels se chargent de les diffuser dans les centres d’apprentissage, en-dehors des hauts lieux du savoir de l’époque. Dès le début, ils financent des « boutiques de calcul » ou « écoles d’abaques ». Les enfants y apprennent à lire, compter, faire des opérations élémentaires, traiter les règles de trois et les équations du 1e, 2e degré. Ces structures, très souples, fleurissent dans les régions les plus dynamiques : Toscane, Sud-Est de la France, Belgique, Allemagne. L’une de leurs particularités est de dispenser un enseignement en langues vernaculaires et non en latin. A partir du 15e siècle, les mathématiciens ne se contentent plus de transmettre l’héritage musulman, ils l’enrichissent. Mais ce n’est qu’au 16e siècle que l’algèbre parvint à s’affranchir de la géométrie.

Magnétisme :  il existe un ouvrage sur le magnétisme différent de la majorité de ceux du 13 e siècle dans sa manière d’aborder la connaissance scientifique : des expériences sont véritablement faites, contrairement aux usages scientifiques de l’époque et une théorie y est développée en parallèle.

 

3-Savoirs-faire et techniques

Ingénierie : au 11e siècle, les moulins à vent, eau, marée se répandent en Europe. Bientôt, l’énergie ainsi apprivoisée n’est plus cantonnée au seul domaine agricole, mais s’apprête à marquer le début de l’ère industrielle. Avec l’exploitation croissante de l’énergie hydraulique et le développement des moulins à eau, on assiste à un aménagement progressif des cours d’eau.

Technologie : au Moyen-Âge, des techniques nouvelles viennent transformer, dans certains domaines, les conditions de la production et du marché : exemples de la draperie et de la métallurgie ; architecture, armement, outillage agricole bénéficiant ainsi de l’essor de l’industrie du fer. La fin du Moyen-Âge voit apparaitre les premiers recueils d’images de machines destinées à la formation de ceux que l’on appelle bientôt les ingénieurs. Des recueils où la part de l’imagination est bien présente : c’est l’apparition du dessin technique.

Le temps des cathédrales : la maîtrise du chantier va de pair avec un professionnalisme accru et une diversification des tâches.

De plus, avec l’apparition des horloges, au temps cyclique des saisons et de la nature se substitue peu à peu la conception d’un temps linéaire, constitué d’une suite d’instants définis et mesurés. Le temps haché et précipité est celui de la révolution industrielle…

 

 

 

 

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